Notre terroir sur la table

Publié le3 février 2016 » 2914 Views»

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Sur le marché, n’hésitez pas à privilégier les produits locaux !

LA CAMPAGNE EN VILLE, du producteur à l’assiette

À l’approche du Salon de l’Agriculture (du 27 février au 6 mars), Vernon Direct a eu envie de s’intéresser à l’agriculture locale et à la façon dont elle évolue aujourd’hui. Face à la mondialisation, la profession doit se réinventer, un enjeu capital pour l’équilibre de nos territoires.

Les circuits courts ont le vent en poupe, et il est vrai que la formule est tentante. D’un côté, le producteur vend ses produits au juste prix, en s’épargnant de coûteux frais de transport. De l’autre, le consommateur a dans son assiette des produits de qualité, plus frais et parfaitement tracés. Pour les pouvoirs publics locaux, les circuits courts permettent en outre, dans une optique de développement durable de maintenir l’équilibre en milieu rural. Daniel Boisard, vice-président de la Cape en charge du développement durable et de la ruralité y voit de nombreux avantages et a entrepris, avec l’aide de la Chambre d’agriculture, de rapprocher les producteurs des consommateurs. « Nous avons lancé une étude sur l’agriculture de proximité, avec une vente in situ, ou un seul intermédiaire. Sur une cinquantaine de producteurs contactés, plus de la moitié se montrent intéressés », explique l’élu.

Les consommateurs sensibilisés

Parallèlement, il s’agit de trouver des débouchés sur le territoire. C’est pourquoi les établissements intermédiaires, susceptibles de commercialiser les produits ont eux aussi été sollicités. L’idée se développe aussi de permettre aux restaurations collectives de bénéficier de ces circuits de distribution qui génèrent peu de pollution carbone grâce aux faibles distances à parcourir. L’expérience est déjà menée par le collège de Bueil et la mairie de Vernon ne cache pas son intérêt pour cette démarche qui soutient l’emploi de proximité tout en apportant de la qualité dans les assiettes.

Rendez-vous au Salon de l’Agriculture du 27 février au 6 mars. 20 ENTRÉES À GAGNER chaque mercredi sur la page Facebook Département de l’Eure. Le Département sera présent sur le Salon, hall 7.1.

 

Zoom sur trois producteurs qui ont adopté les circuits courts

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70% des produits de la ferme des Ruelles sont vendus sur place.

Charme et authenticité à la Ferme des Ruelles

Aux portes de Vernon, la Ferme des Ruelles peut se féliciter d’avoir réussi son pari, rendre viable une petite exploitation. « Il fallait faire autre chose que des céréales, explique Michel Galmel, nous avons tout misé sur le développement durable, en termes d’environnement, d’économie et d’énergie ». Aujourd’hui, l’atelier cidricole et les chambres d’hôtes attirent un large public. Chaque année, 3000 personnes visitent la ferme, dont environ 2000 croisiéristes américains.

« Ce qui est intéressant, c’est le fait de partager. C’est l’intérêt des circuits courts. On ne vend pas que des produits, mais aussi une prestation. Face à la mondialisation, les gens veulent consommer différemment, mettre une tête, une histoire sur un produit, savoir comment il est fait ». La ferme des Ruelles produit tout ce qui est à base de pomme. Du cidre, du jus de pomme, de l’eau de vie, mais aussi du vinaigre, des gelées… ou encore de l’huile de colza. Vente à la ferme 70 % des produits sont vendus sur place, dans une boutique qui fleure bon le terroir et l’authenticité et qui propose bien d’autres produits encore.

« Nous nous échangeons nos produits pour avoir différents points de vente un peu partout.Ça correspond à un lieu, une histoire, une philosophie. Ça fait une belle diversité », explique avec enthousiasme l’exploitant. Aujourd’hui, le tourisme génère deux fois plus de chiffre d’affaires que l’exploitation de 60 hectares. Alors Michel Galmel poursuit dans sa voie. On peut visiter la cave et déguster comme on le ferait sur un domaine viticole de Bordeaux ou de Bourgogne. Et d’ailleurs, le parallèle avec le vin ne s’arrête pas là, puisqu’on apprend que le cidre est lui aussi différent selon les sols et les façons de le travailler. L’aventure continue Toujours guidé par le concept de développement durable, Michel Galmel explore de nouvelles pistes. « Nous avons fait un travail historique sur la ferme. Aujourd’hui, elle est redevenue ce qu’elle était en 1836. Nous faisons de la polyculture et remettons la nature à sa place ». En développant le principe du « verger épicerie », qui vient tout juste d’être planté, Michel Galmel compte sur la nature et les complémentarités entre les différentes essences pour produire le plus simplement possible. « Ne plus travailler le sol nous permet d’économiser 4000 litres de pétrole ».

Ferme des Ruelles – 27510 Tilly
Tél. : 02 32 52 74 61 – www.fermedesruelles.com
Tous les jours sauf dimanche, de 9h à 19h.

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La cueillette des pommes à la ferme peut être l’occasion d’une sortie en famille.

Les pommes à portée de main

Les Vergers d’Houlbec pratiquent la cueillette sur les arbres depuis 1998 ainsi que la vente à la ferme. « Cela existait déjà avant que je reprenne le verger, mais je l’ai développé » explique Murielle Hector, l’exploitante. Entre fin août et fin octobre, il est possible de cueillir des pommes, des poires et des prunes (Reine Claude dorée et quetsche d’Alsace) au verger, les samedi, dimanche et mercredi.

À la boutique, outre les pommes et les poires, il est possible de trouver des produits dérivés concoctés avec les récoltes du verger, gelée de pommes, confiture de poires ou de prunes, compote de pommes et de poires-pommes, des jus de pommes et des jus de poires, le bul’pom (jus de pommes pétillant) et des produits de collègues qui pratiquent aussi l’agriculture raisonnée.

Les Vergers d’Houlbec, 3 ferme de la Poterie.
Tous les jours sauf mercredi et dimanche, de 10h30 à 12h et de 14h à 18h.

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Provenance garantie pour la viande de Corbie.

Viande à la ferme

C’est à cause des deux crises de la vache folle que l’élevage Dieryck est venu à la vente directe en 2001. « Les gens n’avaient plus confiance, ne savaient plus d’où venait la viande. Ils étaient intéressés par de la viande dont ils connaissaient la provenance » explique Cyrille Dieryck. La vente directe et les circuits courts représentent 25 à 30 % des revenus de l’exploitation.

Plus que la vente directe, ce sont les circuits courts qui devraient être favorisés selon Cyrille Dieryck. « Nous avons beaucoup de normes et en face de nous nous avons des viandes avec moins de normes et moins chères que les nôtres. Ce serait bien que l’avenir ce soit les circuits courts. Ça reste local, on n’est plus dans une notion de filières et tout le monde gagne sa vie. Les circuits courts ont un autre avantage, c’est que les prix de vente sont sécurisés. Sinon on vend au prix du marché et parfois il est inférieur au prix de revient. Alors qu’en France, on n’a pas le droit de vendre à perte et dans le domaine agricole c’est fréquent ». Les ventes à la ferme se déroulent le samedi de 14h à 17h en colis commandés par 5 ou 10 kg ou au détail boeuf, veau, poulet, canard…

Ferme de Corbie – 16 rue du Hameau de Corbie à Tilly – 02 32 52 32 05


Les vastes champs cultivés il y a encore une trentaine d’années ont cédé à la pression immobilière, mais quelques poches résistent encore. Cultures à Gamilly, vergers, élevage de vaches dans les prés de Vernonnet sur la route de Giverny, sylviculture… Vernon la citadine ne s’est pas totalement coupée de son terroir et le monde rural reste à portée de main.

La Ferme de la Demi-Lune, dernière exploitation 100 % vernonnaise

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Michel Boutry a choisi de se concentrer sur les grandes cultures.

Si la plupart des terres est aujourd’hui exploitée par des agriculteurs des communes voisines, Vernon compte tout de même encore un exploitant intra-muros. Sur les hauteurs de la ville en allant vers Pacy, la ferme de Demi-Lune demeure le fief de la famille Boutry, installée depuis trois générations. Michel Boutry a repris l’exploitation de ses parents en 1974. Cette année-là, il rachète une partie des terres à la famille d’Albufera et abandonne la partie élevage que ses parents pratiquaient encore.

Aujourd’hui, il ne pratique plus que les grandes cultures : colza, blé et orge en hiver, maïs au printemps, sans oublier le lin. Des cultures adaptées au climat de notre région qui donnent à la sortie de Vernon, de part et d’autre de la RD 6015, des paysages changeant au fil des saisons. Pour son exploitation, Michel Boutry et son épouse sont juste aidés par un chauffeur, qui se partage avec une autre ferme. Si la période hivernale est plus calme, les journées sont plus longues aux beaux jours : « On traite tôt le matin et tard le soir, quand il y a assez d’humidité dans l’air ». Les mois de juillet et août sont consacrés aux moissons, tandis que l’arrachage du lin est confié à un établissement de Bernay.

Céréalier plutôt qu’éleveur « Une grosse partie de la production part directement sur le port de Rouen pour être exportée », explique l’agriculteur qui travaille avec la coopérative Sévépi. Depuis six ou sept ans son épouse a développé une activité de chambres d’hôtes prisées notamment des visiteurs de Giverny. Avec 171 hectares, la ferme de la Demi-Lune se classe comme une exploitation moyenne, selon Bernard Boutry, qui confie qu’il n’existe pratiquement plus d’exploitations de 25 ou 30 hectares comme par le passé et se félicite par ailleurs d’avoir abandonné l’élevage, pour lequel il ne se sentait pas d’atomes crochus. « Le cours des denrées est volatile, mais on est moins à plaindre que les éleveurs. Notre matériel est récent, nous n’aurons pas de gros investissements avant dix ans », se rassure l’exploitant, qui verrait bien son fils, actuellement ingénieur en électronique prendre la relève.

 

 

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