Experte en art, Eve Turbat présentera une conférence dédiée à la sculptrice Camille Claudel (1864-1943) le samedi 20 décembre, 15h, à l’Espace Philippe-Auguste. Entrée libre.

Vous êtes aujourd’hui la spécialiste française de Camille Claudel, comment avez-vous rencontré son œuvre ?

Je l’ai découverte au Musée Rodin où la puissance expressive des œuvres de Claudel dénote grâce à leur modelé très juste. Depuis 2011, j’effectue des recherches sur cette artiste qui me passionne. En travaillant à la Galerie Malaquais, je me suis aperçue qu’il y avait finalement peu d’études sur Camille Claudel. La conférence permettra d’aborder son œuvre en explorant sa formation et les liens tissés avec d’autres artistes, au-delà de sa relation avec Auguste Rodin.

Aujourd’hui, son œuvre est-elle reconnue à sa juste valeur ?

Le travail de Camille Claudel était déjà apprécié de son vivant. Pourtant, elle n’a jamais reçu le soutien de l’Etat et c’est assez incompréhensible. Dès les années 1900, elle souffre de psychose paranoïde et devient gênante pour sa famille. En 1913, on l’interne en psychiatrie pour la faire disparaître. Le dialogue devient impossible avec son frère, l’écrivain Paul Claudel, enfermé lui-même dans une vision religieuse des choses. Son œuvre a ensuite connu une longue période d’oubli jusqu’à sa redécouverte à la fin des années 70.

En 2025, se trouve-t-on dans un « moment Camille Claudel » ?

Oui, son nom résonne particulièrement en ce moment. Elle se trouve à la croisée de l’art et des questions de féminisme et de santé mentale. D’ailleurs, dans notre monde post-MeToo, sa relation avec Rodin serait qualifiée d’emprise. Selon moi, ce duo a connu un échange artistique très fort mais pas d’épanouissement sur le plan personnel. Camille Claudel était une femme et un génie, cela a beaucoup perturbé le patriarcat de l’époque.