Jusqu’au 19 novembre, Le Pavillon des Jouets offre une promenade dans les « Jardins du Temps » de cette figure de la peinture contemporaine chinoise.

Un moment d’harmonie dans un monde troublé. Voilà comment décrire, en une phrase, l’œuvre de Gulistan. Née d’un père han, peuple majoritaire en Chine, et d’une mère ouïghoure, la peintre a choisi le nom de cette dernière. Dans cette langue d’Asie centrale, « Gulistan » signifie « jardin fleuri ». Comme un écho à celui de Monet, situé à quelques minutes du Pavillon des jouets, lieu de création et d’exposition créé par Gao Bo, son compatriote. Dans les 37 toiles de Gulistan, l’artiste mélange les couleurs et les influences pour créer un univers onirique et sensible, empreint de douceur et de nostalgie. « Trois sujets principaux m’inspirent : le temps, la mémoire et l’espace », explique la peintre, « je cherche à créer un univers spirituel dans lequel nous sommes tous reliés au-delà des différences, l’art peut nous donner cette liberté dans un monde si divisé. » Professeure à l’université de Pékin et grande voyageuse, Gulistan nourrit son travail de références à la peinture occidentale sans se départir du riche legs culturel chinois. Ainsi, l’encre voisine avec l’acrylique dans des tableaux où l’on rencontre Le Corbusier, des lapins échappés d’Alice au Pays des Merveilles ou des motifs évoquant les riches broderies des Routes de la soie. Ces « Jardins du Temps » constituent la première exposition monographique européenne dédiée à Gulistan et permettent au public français de découvrir un autre pan de l’art contemporain chinois, souvent dominé par des courants conceptuels ou provocateurs. « Ces œuvres nous ouvrent les portes d’un monde intime, plein d’une grâce mystérieuse », résume Lily Xiao, commissaire de l’exposition et fondatrice de 923 Art Space Shanghai, « elles révèlent la sérénité du temps à la chinoise, tout en évoquant l’instant romantique à la française. » Ce pont entre deux cultures a été inauguré lors des Journées européennes du Patrimoine, le 20 septembre dernier. L’exposition est ouverte gratuitement le week-end (14h/18h) au 134 route de Giverny.