Radicalisation : Détecter les signaux faibles

Publié le8 décembre 2020 » 1481 Views»

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Vernon est la première commune normande à se doter d’une cellule municipale d’échanges sur la radicalisation (CMER). Un dispositif qui a pour but de déceler les premiers signes de radicalisation chez un individu. Pour agir vite.

VD111-focus-reperes« Vernon a toujours été à la pointe au niveau de la sécurité », tient à souligner le maire, le 16 novembre dernier. En présence de la sous-préfète et du commandant divisionnaire fonctionnel de la police nationale et chef de la circonscription de Vernon, il signe la convention établissant la CMER. Un type de cellule qui existe depuis 2016 dans d’autres communes, Vernon étant la 1re ville de la Région à s’en doter. « Notre ville a toujours été aux côtés de l’Etat et des forces de l’ordre dans la lutte contre la radicalisation, pour cela, le mieux est d’avoir des personnes qui, sur le terrain, jouent le rôle de capteurs ». C’est justement le but de la CMER : former les agents municipaux à détecter les fameux « signaux faibles », ces indices qui permettent d’entrevoir qu’une personne bascule dans la radicalisation. Des formations de quelques heures seront dispensées au personnel jouant des rôles clefs au contact des habitants. « Nous pensons aux employés de l’état civil, des centre sociaux, ceux en contact avec les associations, mais également à ceux de la voirie, qui sont dans la rue très tôt le matin », souligne le maire. Autant de correspondants CMER chargés de faire remonter l’information, via leur hiérarchie, au référent municipal radicalisation qui en assurera la présentation devant la CMER avant de saisir, si nécessaire, la cellule d’évaluation préfectorale. En Préfecture, la CEPRAF (cellule préfectorale de prévention et d’accompagnement des familles) pourra organiser un suivi social, psychologique et/ou éducatif de la situation dans les cas les moins graves. En cas de nécessité et s’il y a risque de passage à l’acte, un suivi policier ou judiciaire pourra être décidé.

Anticiper tout passage à l’acte

« Face à la radicalisation, notre arme est l’anticipation », affirme le Président d’ERM, cabinet d’expertise en prévention de la délinquance qui accompagne la ville de Vernon. Dès les premiers signes, il faut éviter la rupture sociale. « Il ne faut pas confondre la pratique rigoriste d’une religion et la radicalisation, la seconde se manifeste par un isolement et un changement brutal d’habitudes à l’école, dans l’habitat social, dans les transports etc ». Autant d’indices concordants qui, mis bout à bout, forment ces signaux faibles que la CMER permettra de détecter. Pourront alors être pris en charge des individus qui, livrés à eux-mêmes, risqueraient de se tourner vers le terrorisme low-cost prôné aujourd’hui par les organisations djihadistes.

3 questions à

Jerome GrenierJérôme Grenier

Maire-adjoint Vice-président de Seine Normandie Agglomération en charge de la mutualisation, de la sécurité et de la prévention de la délinquance

Dans quelle démarche s’inscrit la création de la cellule municipale d’échanges sur la radicalisation (CMER) ?
Ce dispositif, placé sous l’autorité du maire, du préfet et du parquet, s’inscrit dans la continuité de notre action entreprise dès 2014 avec, notamment, la mise en place du conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD). Un outil qui a été qualifié d’exemplaire par la procureure de la République d’Evreux. Avec la CMER, notre politique de prévention de la délinquance s’enrichit d’un nouvel outil. En formant les agents sur le terrain, nous serons à même de détecter les signes avant-coureurs de la radicalisation.

Vous venez d’être élu vice-président de SNA en charge de la sécurité, que souhaitez-vous mettre en place ?
Je souhaite inscrire mon mandat dans la continuité de ce qui a été fait à Vernon. Un de mes objectifs est la création d’un conseil intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance, à l’échelle de l’agglomération. Il concernera d’abord les villes les plus peuplées : Saint-Marcel, Les Andelys, Pacy-sur-Eure, Gasny et Vexin-sur-Epte. Nous établirons une réunion régulière d’échanges et de contacts entre ces quatre villes. La lutte contre les violences intrafamiliales est également une de mes priorités.

Cette stratégie sera-t-elle étendue au reste du territoire de SNA ?
Oui, dans un second temps. Les zones péri-urbaines et rurales sont également concernées par la délinquance. Nous souhaiterions, notamment, décliner le concept de Territoire de Sécurité Urbain et Rural (T.S.U.R) dans le cadre du droit à l’expérimentation.

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