Demain, à Vernon|Un des plus beaux cinémas de France

Publié le26 novembre 2019 » 8677 Views»

En 2022, le nouveau cinéma ouvrira ses portes. Situé sur le site de l’ancienne Fonderie-Papeterie, il souhaite mêler convivialité et technologies de pointe dans un lieu respectueux de l’Histoire.
reperes dossier cinema vernonEn 2022, le nouveau cinéma ouvrira ses portes. Situé sur le site de l’ancienne Fonderie-Papeterie, il souhaite mêler convivialité et technologies de pointe dans un lieu respectueux de l’Histoire.

Vernon et le cinéma, une histoire d’amour qui dure depuis les débuts du 7e art. Pourtant, cette romance est à l’aube d’un nouveau départ. Le 4 Cinémas Théâtre, bâti en 1895 place de Paris, fermera ses portes dans un peu plus de deux ans. Pour lui succéder, un multiplex de 8 salles qui s’intégrera dans un nouveau lieu : le parc de la Fonderie-Papeterie, aménagé sur l’ancienne friche industrielle du même nom, le long de l’avenue de Rouen. « Depuis février, nous avons travaillé afin de choisir un exploitant pour le cinéma », résume Jérôme Taconnet, directeur d’EAD, promoteur du site de la Fonderie-Papeterie. Parmi les quatre offres déposées, c’est celle du groupement La Papeterie qui a été choisie. Celui-ci regroupe les exploitants actuels du 4 Cinémas Théâtre et leur programmateur historique (GPCI), le cabinet Gilbert Long Architectures et l’entreprise normande NOE Cinémas.

Un lieu de vie et de rencontres

Les exploitants du futur cinéma connaissent très bien Vernon. C’est peu dire, puisqu’on retrouve, parmi eux, la famille Cointin, aux manettes du 4 Cinémas Théâtre depuis un demi-siècle, du grand-père au petit-fils. Ce lien entre passé et futur se manifeste particulièrement dans le fait de conserver le cinéma en centre-ville au lieu de l’exiler dans une zone péri-urbaine. A mille lieues des multiplex froids où l’on paye sur des bornes, l’endroit se veut avant tout convivial. « Nous voulons que le hall du cinéma soit un lieu de vie pour échanger, se donner rendez-vous, parler des films… », détaille Richard Patry, directeur de NOE Cinémas, leader normand dans le secteur, et président de la Fédération Nationale des Cinémas Français. « Nous sommes dans une ville moyenne où il y a des rapports humains et nous privilégions cela », ajoute-t-il, « à l’heure où nous avons facilement accès à l’image, le cinéma doit rester une expérience collective et conviviale. À Vernon ce sera un des plus beaux de France ».

Des projections en très haute qualité

Mais convivial ne veut pas dire petit. Car le groupement La Papeterie voit grand. Le futur cinéma comptera 8 salles : 2 grandes, réservées aux films populaires et aux événements, 2 moyennes et 4 petites. Quelle que soit leur taille, elles ont toutes un point commun : proposer une expérience immersive. « Tous les spectateurs de la salle seront immergés, sans exception, dans l’image et le son », assure Richard Patry. Cela passe par un écran le plus large possible, du sol au plafond, et par des projecteurs numériques 2K et 4K de dernière génération permettant d’afficher du contenu haut de gamme et de la 3D active. Côté son, les salles seront équipées du système Dolby Atmos qui mobilise pas moins de 80 haut-parleurs. Quant aux spectateurs, ils seront regroupés en un pavé central de sièges en forte pente, permettant à tous de bien voir, même derrière un homme-girafe, et de vibrer à l’unisson devant le film. Le bâtiment intègrera aussi une forte exigence environnementale en matière de traitement des déchets, d’économie d’énergie et disposera de panneaux solaires. Par ailleurs, les confiseries et la nourriture proposées dans le hall seront, au maximum, issues des circuits courts et de l’agriculture biologique.

Plus de films d’art et d’essai

Deux fois plus de salles, c’est également une programmation élargie. Le nombre de séances quadruplera avec des projections toute la journée et des films en version originale (VO) plus nombreux. « La programmation augmentera à tous points de vue », affirme Charles Vintrou, directeur du GPCI, propriété du groupe Première, et programmateur du cinéma, « l’objectif est notamment l’obtention du label Art & Essai ». Pour cela, il souhaite poursuivre la collaboration avec l’association Un Autre Regard, le ciné-club de Vernon. Mais le cinéma sera ouvert à tous les acteurs de la vie locale pour des soirées-débats, des projections à destination des enfants ou des seniors. « Si un événement culturel se produit à Vernon, je souhaite qu’il passe aussi par le cinéma ! », s’enthousiasme M. Vintrou, lequel souhaite ouvrir le cinéma à de nouveaux publics avec, par exemple, la retransmission de pièces de théâtre ou d’opéras. Quant aux tarifs, ils seront dégressifs grâce à la mise en place de cartes pour les spectateurs assidus et de réductions pour plusieurs catégories de personnes. « La fidélité sera récompensée », souligne le programmateur, « les tarifs seront adaptés aux publics et il y aura des séances moins chère, le dimanche matin par exemple ».

Les membres de La Papeterie travaillent ensemble depuis longtemps et connaissent très bien la région.

Les membres de La Papeterie travaillent ensemble depuis longtemps et connaissent très bien la région.

Si les cinéphiles attendent l’ouverture avec des étoiles dans les yeux, ils devront être encore un peu patients. La phase administrative du chantier débute seulement et se poursuivra l’an prochain. Les premiers coups de pelles sont prévus pour 2021 et les travaux dureront jusqu’en 2022. En attendant la naissance de ce nouveau site, le rideau ne tombera sur le 4 Cinémas Théâtre que la veille de l’ouverture de La Papeterie. L’ancien cinéma, dont les murs appartiennent à la mairie, ne disparaîtra pas pour autant. En effet, il continuera sa vie de lieu de culture et de partage sous un autre format.

120 ans de cinéma à Vernon

Le cinéma, inventé par les frères Lumière, apparaît officiellement en 1895, date à laquelle Adolphe Barette, le maire de Vernon, fait construire le théâtre municipal de la place de Paris.

Le cinéma, inventé par les frères Lumière, apparaît officiellement en 1895, date à laquelle Adolphe Barette, le maire de Vernon, fait construire le théâtre municipal de la place de Paris. C’est seulement deux ans plus tard qu’une première projection est organisée à Vernon, le 6 mars 1897. L’engouement des Vernonnais pour le 7e art est né ! A l’époque, il s’agit d’un spectacle forain qui se déplace de villes en villes, le cinématographe Kertoza fait, par exemple, escale à Vernon en 1908. A partir de 1909, les projections ont lieu au théâtre, devenu le Cinéma-Théâtre. A la veille de la seconde Guerre Mondiale, sa direction est reprise par Georges Wambst, un coureur cycliste qui fréquentait le vélodrome jouxtant le cinéma. En 1970, il fait la connaissance de Robert Cointin qui lui succède, inaugurant 50 ans de gestion du Cinéma-Théâtre de père en fils. A Vernon, le cinéma devient affaire de famille. C’est un cas rarissime en France : en près d’un siècle, le Cinéma-Théâtre aura été dans les mains de seulement deux lignées : les Wambst puis les Cointin. En 1984, ces derniers transforment le lieu en un complexe cinématographique, passant d’une salle unique à 4. C’est de cette époque que date le 4 Cinémas Théâtre que l’on connaît aujourd’hui. Cette histoire se perpétue aujourd’hui avec la participation de la famille Cointin dans le groupement La Papeterie.

3 questions à…

Gilbert long  Architecte du projetGilbert Long, Architecte du projet

Comment aménage-t-on un cinéma dans une ancienne papeterie ?

Il y a un mouvement actuel de retour des cinémas en cœur de ville. Et donc une demande d’installer ce type de bâtiment dans des friches. C’est notre spécialité. Nous l’avons fait à Saint-Dizier dans une usine Miko ou à Dieppe dans une manufacture à tabac. Ce qui est intéressant c’est que ces bâtiments ont beaucoup d’âme et de personnalité. Les spectateurs sont très attachés à ce que leur cinéma soit ancré dans la vie locale et apprécient qu’on redonne une vie à des sites historiques en déshérence. Cela confère une force naturelle au bâtiment par le dialogue entre le moderne et les éléments qu’on garde de l’ancien lieu. Cela donne une richesse au projet malgré les énormes contraintes.

Quelles sont les grandes lignes de votre travail à Vernon ?

Avant tout, nous voulons trouver du volume pour réaliser ces grandes salles avec écran sol-plafond et gradins. Au cœur du projet, on trouve aussi les nouvelles fonctions du hall qui doit être un lieu de passage. On ne veut plus rejeter le public dehors quand il sort du film. La demande actuelle est de pouvoir s’asseoir, passer du temps dans le hall pour échanger des émotions, discuter… On travaille donc sur un hall très ouvert sur la ville et libre d’accès même quand on ne va pas voir un film.

Comment ce cinéma s’intégrera-t-il dans le nouveau parc ?

Nous espérons avoir une connexion entre le hall et le jardin, via une terrasse par exemple. Il faut que le cinéma soit un bâtiment avec une image forte et participe à l’image mentale que les gens se font de leur ville. Nous travaillons sur une architecture qui fera écho à l’histoire du lieu et à ce site magnifique qu’est la boucle de la Seine.

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