La chronique du passé : une cantatrice au Temps jadis

Publié le10 mai 2019 » 1869 Views»

Marguerite 2Par Alexandre Révérend

On passe devant ses colombages sans connaître les secrets de son âge.
La gargouille ricane. Près de mille ans à recracher les pluies d’un toit de collégiale, ça vous en dit long sur une ville. Perchée au-dessus d’une célèbre maison à pans
de bois, la chimère grimaçante en a connu tous les ravalements et destinations successives : habitation, auberge, café, brocanteur, salon de thé, police municipale, syndicat d’initiative, et depuis peu… agence de Tourisme Temporel.
La bâtisse a longtemps servi d’emblème à Vernon, du moins avant qu’un vieux moulin vienne y mettre son grain. Cette haute baraque de traviole, située contre l’une des joues de l’église, constitue la plus ancienne trace de la cité médiévale. À l’issue du 15e siècle, notre gouttière espionne a assisté à la construction de cette bicoque appartenant à la famille Roussel. Trois siècles plus tard, c’est le Café de la Ville qui y sera établi. D’anciens grognards de Napoléon, fumeurs de pipes et lecteurs des journaux de Paris, font claquer leurs dominos sur le marbre des tables. En 1926, la maison est rebaptisée Au Temps Jadis par Marguerite Herleroy, une soprano célèbre. De passage en ville, elle s’émeut du sort de cette maison frappée d’alignement et condamnée à la destruction. Marguerite la rachète, la restaure, puis en jouant de ses relations elle la fait classer monument historique. Au rez-de-chaussée, elle ouvre un salon de thé, tandis qu’à l’étage des meubles et antiquités sont exposés. Après d’interminables et coûteux travaux entamés en 1975, les échafaudages sont retirés au bout de dix ans, rendant enfin la plus belle façade de la ville à ses habitants.

Venez explorer le passé avec l’Agence de Tourisme Temporel au 36 rue Carnot, tous les jeudis soir et les week-ends jusqu’au 30 juin.

 

Gargouille-2

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