La chronique du passé par l’agence du Tourisme Temporel Vernonnaise

Publié le19 décembre 2018 » 2213 Views»

LES ANIMAUX DISPARUS

Longtemps, la rue d’Albufera fut gardée jour et nuit par un molosse de faïence.

Par Alexandre Révérend

animaux

 

Posté entre les deux rambardes d’un petit balcon, il se tenait en sentinelle au-dessus d’un magasin proposant des services de vaisselle et bibelots fragiles. Le chien reste fidèle à son poste jusqu’à ce sinistre matin de braderie d’août 2002 où un inconnu parvient à le kidnapper. Comment l’homme a-t-il pu s’y prendre sans se voir infliger une terrible morsure de porcelaine au mollet ? Les crocs du dogue devaient être passablement usés. Dans quel chenil a-t-il trouvé asile ? Dans quelle cour de brocanteur prend-il la poussière ? Sur quelle pelouse s’agace-t-il des pitreries de nains de jardin ? Certaines nuits, les riverains de la rue d’Albuféra assurent entendre des grognements et des aboiements étouffés. Ainsi donc, le fantôme du canidé veillerait toujours sur le quartier. Durant des années, un second animal a protégé le secteur de ses larges ailes. C’est en 1932 que des émigrés alsaciens font construire le Strasbourg, un hôtel-brasserie situé en face à l’hôtel d’Évreux. Une cigogne en bois et son nid ornent majestueusement l’un des sommets de ce haut lieu des soirées Vernonnaises jusqu’à la triste démolition de février 1994. Depuis ce jour, l’oiseau aux serres d’acier se morfond dans les réserves du musée de Vernon. Une question demeure : où sont passés ses oeufs ? Dans quelle cave ont-ils été remisés ? À la manière de ceux d’un dinosaure, ils espèrent sans doute éclore un jour à la faveur d’un improbable rayon de soleil. Les cris que pousseraient ces cigogneaux survolant le toit du musée ne manqueraient pas de sortir de sa torpeur une mère qui les attend en équilibre sur une patte depuis plus de vingt ans.

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