Le sens caché de la carte

Publié le6 novembre 2018 » 2047 Views»
«Je te renvois notre château regarde si ces Batte nous voitu tous les deux c’est tros beau pour nous pauvre malheureux.»

carte existante en 1921

la chronique du passé par l’Agence de Tourisme Temporel Vernonnaise

Sur cette ancienne carte postale du château Saint Lazare, on déchiffre ces quelques mots :

«Je te renvois notre château regarde si ces Batte nous voitu tous les deux c’est tros beau pour nous pauvre malheureux.»

À première lecture on pourrait penser, malgré les nombreuses fautes d’orthographe, qu’il s’agit d’un couple habitant le château et désirant faire part de sa fierté à leur correspondant; le « nous pauvre malheureux » parait même avoir été écrit sur le mode ironique. La date inscrite dans l’oblitération du timbre est le 21 mars 1918. Tout cela paraît faire sens, sauf que durant cette période de guerre aucun couple ne vit au château…
La suite du texte au verso de la carte va offrir un éclairage radicalement différent sur ces deux personnages. Valentine Niedergang s’adresse à son homme, un certain Gustave. Elle lui confie avoir « un cafare terrible sa marche pas comme je voudrais alors sa va pas ». Elle espère « que bientôt nous auront une avenire meilleure ».

« Recois de ta femme mille bon baisais pour la vie sur ton petit ventre. tu te rapelle comme je te l’embrassais tu ne voulais pas. et moi jaimais à te faire mettre encolère Mon pauvre Gugute revient pour que je te refasse des miches et je te faisse des petit becot sur ta petite bouche qui me fesait tant plaisir à embrassait. »

Ces mots semblent adressés à un fiancé soldat, d’autant qu’en mars 1918, la guerre n’est pas terminée. En relisant à présent les quelques lignes du recto de la carte, celles-ci prennent un sens tout autre dans ce contexte. Il apparaît que lors d’une promenade romantique, Valentine et Gustave ont rêvassé entre les arbres derrière les grilles du château Saint-Lazare devenu ainsi ‘leur’ château. Mais Valentine conclut qu’il est trop beau pour eux et qu’ils n’y vivront jamais. Au retour de guerre de Gustave Niedergang, c’est au coin de la rue de Bizy et de l’actuelle avenue Montgomery que le couple s’installera, au-dessus de leur cordonnerie.


 

L’ATTV présentera les 9, 10 et 11 novembre de 10 à 17 h sur le quai Penthièvre son nouveau film en réalité virtuelle consacré à l’Armistice.

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