Bruno Lebrun : « Je soulevais entre 25 et 30 tonnes par jour »

Publié le5 juillet 2016 » 4145 Views»

Bruno Lebrun Epaulé Jeté 142,5kg

Maître nageur, Bruno Lebrun sera bientôt à la retraite. Si la natation a toujours été sa passion, c’est en haltérophilie qu’il a fait carrière. Licencié au SPN Haltérophilie, l’ancien vernonnais a participé aux Jeux de Moscou en 1980, où ses performances n’ont pas été à la hauteur de ses espérances.

Comment avez-vous découvert l’haltérophilie ?

Quand j’étais gamin, j’allais à la piscine de Vernon avec mes copains et je jouais au football. Bernard Renaud travaillait à la piscine et il recrutait des éléments susceptibles de faire de l’haltérophilie. Il avait des critères. J’avais par exemple de bonnes cuisses. J’ai commencé l’haltérophilie en fin d’année 1973 à 16 ans. Au départ, rien ne m’attirait dans ce sport. Bernard Renaud est revenu me chercher plusieurs fois car je n’étais pas très assidu. Puis j’ai commencé à faire des performances, j’ai été champion de Normandie, j’avais des facilités alors je me suis pris au jeu et j’ai continué.

Pourquoi n’aviez-vous pas pu prendre part aux Jeux de Montréal en 1976 ?

J’étais junior, j’étais trop jeune. Je suis parti à l’armée effectuer mon service militaire. Ayant été champion de France, j’ai pu rejoindre le bataillon de Joinville (Haute-Marne) cette même année. J’ai participé aux championnats du monde militaire où j’ai terminé 3e.

Comment expliquez-vous votre contre-performance des Jeux Olympiques de Moscou en 1980 ?

J’étais bien préparé, même trop bien. Au lieu de perdre du poids quelques jours avant comme d’habitude pour être sous les 56 kg, j’ai décidé d’en perdre un mois à l’avance. Cela m’a affaibli. J’ai voulu trop bien faire. À l’arraché, je termine 7e en soulevant 105 kg (record personnel à 112,5kg). À l’épaulé jeté, je n’ai pas réussi à jeter la barre après l’avoir soulevée. J’avais pourtant soulevé 132 kg à ma première barre. Je n’ai pas pu être classé. Cela a été une déception de ne pas faire de total, en haltérophilie c’est un échec.

Bruno Lebrun

Quelle performance auriez-vous pu faire en vous préparant différemment ?

Aux Jeux Olympiques, une médaille était inenvisageable pour moi, il y avait beaucoup de dopage, certains ont été déclassés après. Il ne fallait donc pas trop rêver. Les chinois étaient très forts, les battre n’était pas réalisable sans le dopage. J’ai choisi de rester propre. Je voulais rentrer dans le top 10. Cela aurait permis à la fédération d’avoir des points. Lors des championnats du monde en France j’ai terminé 9e, j’ai alors pu ramener des points à ma fédération.

Après avoir évolué en 56 kg, vous avez décidé de changer de catégorie (60 kg), pourquoi ?

On m’avait déjà conseillé de passer en 60 kg. Malgré ma petite taille d’1,62 mètres, j’étais grand pour mes 56 kg, j’aurai dû le faire plus rapidement, même avant les Jeux Olympiques. Mais j’aimais beaucoup ma catégorie. Je n’ai pas regretté d’avoir fait les championnats du monde en 56 kg. En 60 kg, j’ai fait 161 kg à l’épaulé jeté et 115 kg à l’arraché. Il aurait fallu que je reste cinq à six années dans cette catégorie pour que je puisse davantage m’exprimer. J’ai décidé d’arrêter ma carrière en 1988. C’était déjà très long comme carrière.

Bruno LebrunVotre corps a-t-il souffert durant et après votre carrière ?

Je vais avoir 60 ans. Plus de trente années ont passé depuis les JO. Je n’ai pas eu un seul souci, j’ai de la chance d’avoir de bonnes articulations. Je soulevais entre 25 et 30 tonnes par jours. Il y a des antécédents. Là, ça faisait deux ans que mon épaule me chahutait donc j’ai décidé de me faire opérer.

Etes-vous resté dans le milieu de l’haltérophilie après votre carrière sportive ?

J’ai passé mon brevet d’état d’éducateur sportif, j’ai exercé à Vernon lorsque j’étais encore haltérophile. J’ai d’ailleurs mis six mois pour revenir à mon niveau. La natation n’est pas compatible avec l’haltérophilie. Après avoir passé mon brevet d’état d’haltérophilie 2e degré, j’ai entraîné à Rouen durant trois ans dans un club. Aujourd’hui je regarde encore l’haltérophilie même si je m’en suis éloigné. Cela fait 15 ans que je suis maître nageur à Etrépagny. Je suis bientôt à la retraite.

Pourquoi avez-vous décidé de vous éloigner de l’haltérophilie ?

J’ai décidé de couper car j’ai beaucoup donné durant dix ans. C’était beaucoup de sacrifices, je n’avais pas de jours fériés à Noël et le jour de l’an. Aujourd’hui je suis passé à autre chose, j’ai d’autres passions. J’ai fait des courses de chiens de traineaux. Maintenant j’ai arrêté mais je pratique toujours le VTT, ma passion, l’équitation et la natation.

Bruno Lebrun Arraché115kg

 

Né le 14 décembre 1956 à Houilles (Yvelines)

Palmarès :

Champion de France cadet (1974)

2 fois champion de France junior (1975 et 1976)

5 fois champion de France senior (1979, 1981, 1982, 1983, 1983, 1984)

3e des Jeux Méditerranéens à Split (1979)

40 sélections en équipe de France

9e des championnats du monde à Lille

Meilleure place aux championnats d’Europe : 6e

Non classé aux Jeux Olympiques de Tokyo (1980)

Bruno Lebrun

 

 

Record en 56 kg :

Arraché : 112,5 kg

Epaulé jeté : 141 kg

Total : 252,5 kg

 

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